Auteur/autrice : Lilas

Dans le cadre de nos échanges avec la Municipalité de Karavas, l’AFF a été invitée à participer à la seconde exposition internationale de frivolité de Karavas. Pascale Provost a accepté de nous représenter sur place. Outre les ouvrages prêtés par nos adhérents, Pascale a réussi à rassembler des pièces remarquables de la frivolité française. Edwige Renaudin, Elisa du Sud, le Centre de Dentelle du Puy en Velay et la famille de Marguerite Pfender ont bien voulu lui confier leurs ouvrages.

L’installation de l’exposition

L’inauguration permet de mettre à l’honneur Marguerite Pfender, Meilleure Ouvrier de France. Son élève, Pascale Provost présente son parcours et lit une lettre de ses enfants. Madame Marielle Olivier, présidente de Normandie des Meilleurs Ouvriers de France nous a fait l’honneur de sa présence.

L’inauguration met à l’honneur la ville de Karavas en exil en présence de Monsieur Nicos Hadjistephanou, maire de Karavas, Monsieur Eric Herbet, maire de Quincampoix et conseiller régional, Madame Marie Mabille adjointe à la culture de Bois-Guillaume, Madame Angela Jourdan attachée culturel.
Karavas est la première ville envahie par les turcs en 1974. Les habitants ont été chassés de leur territoire et aujourd’hui encore la municipalité est en exil. Or il s’avère que Karavas était connue pour sa frivolité. La mairie de Karavas s’efforce donc de préserver et de promouvoir ce savoir-faire auprès de nouvelles générations.

Maroula et Kallistheni sont 2 frivoleuses chypriotes très expérimentées qui enseignent leur savoir-faire pour que la culture de Karavas se perpétue. Kallistheni a même créé un petit musée de la frivolité chez elle.

L’exposition

Les ateliers

Le projet consistait à demander aux participantes de confectionner des motifs sur un thème plutôt floral. Et elles ont été très productives puisque nous avons collecté plus de 200 pièces. Les motifs ont ensuite été agencés sur un voile. Nous avons hâte de pouvoir exposer cette jolie réalisation. Bravo à toutes!

Dans son enfance, Marguerite Pfender a vu une cousine faire de la frivolité. Devenue adulte, elle a une forte envie de pratiquer elle aussi, mais ne dispose de personne pour lui montrer et de bien peu de documentation. Cependant, elle redécouvre la technique par elle-même, adoptant un geste vertical proche de celui des festons en dentelle à l’aiguille.

Son travail atteint une qualité telle qu’elle obtient le titre de Meilleur Ouvrier de France en 1982 pour une nappe de 173 cm de diamètre, entourée de perles. Mais au grand regret de Marguerite, la catégorie “frivolité” n’existe pas pour les Meilleurs Ouvriers de France: son diplôme mentionne “classe tulle – guipure – dentelle et broderie mécanique”.

En 1985, Pascale Provost rencontre Marguerite Pfender. Elles habitent à une dizaine de kilomètres l’une de l’autre en Meurthe-et-Moselle. Cela permet à Pascale d’apprendre la frivolité, puis de travailler de longues années durant avec Marguerite.

En 1995, avec l’appui de Marguerite Pfender, Pascale Provost demande à passer le concours de Meilleur Ouvrier de France. Mais sa demande est rejetée au motif qu’on ne veut pas créer une option pour la frivolité.
En 2016, Lilas Joublot rencontre un représentant des Meilleurs Ouvriers de France lors de la remise des Trophées de l’Artisanat de Seine-Maritime. Celui-ci se renseigne pour elle, mais sans succès. Elle formule elle-même une demande en 2018 mais on lui répond que “l’ouverture d’une option signifie nommer un jury d’experts, experts qui semblent difficiles à trouver”.

A l’heure actuelle, il n’existe aucune formation reconnue pour la dentelle de frivolité et nombreux sont les autodidactes. Le concours de Meilleur Ouvrier de France permettrait de valider les compétences de ceux qui le souhaitent.

L’un des rares articles au sujet de Marguerite Pfender

Un grand merci à Pascale Provost pour tous ces précieux renseignements

La commission chargée d’examiner notre demande a rendu un avis favorable: La frivolité va donc être inscrite à l’Inventaire National du Patrimoine Culturel Immatériel.
C’est un bel accomplissement pour notre association, mais surtout une grande avancée pour faire reconnaître la frivolité comme un art en tant que tel. La frivolité est aujourd’hui une dentelle peu connue du grand public, mais surtout peu reconnue. Les bénévoles de l’Association Française de Frivolité espèrent que cette distinction prestigieuse permettra de faire évoluer les choses. D’ailleurs, notre association bénéficie désormais de l’emblème « Patrimoine culturel immatériel en France » dans toutes ses activités de sauvegarde et de promotion de notre savoir-faire.